L'implant prend racine
par Vincent Olivier

 

Efficaces et pérennes, ces pivots pour dents artificielles sont de plus en
plus adoptés par les Français. Malgré leur prix


Douloureuse, coûteuse et angoissante: voilà, sans doute, l'image que la
plupart des Français se font d'une consultation chez un dentiste. Pourtant,
font remarquer les professionnels, les techniques d'anesthésie ne cessent de
se perfectionner, les mutuelles prennent de mieux en mieux en charge ces
dépenses et une bonne part de l'angoisse disparaîtrait si les patients
n'attendaient pas le dernier moment pour venir, ajoutent-ils... Il est, en
tout cas, un domaine où les réticences sont nettement moins grandes
qu'auparavant, c'est l'implantologie. Jamais, en effet, les implants n'ont
connu un tel succès: les médecins en ont posé 91 000 en 2001, 110 000
l'année suivante, et ils en poseront vraisemblablement près de 125 000 en
2004.

Passé le cap des trois premiers mois, le taux de succès frôle les 90%


Certes, le retard demeure important par rapport à d'autres pays d'Europe
comme l'Allemagne ou l'Espagne, où l'on dépasse allègrement la barre des 400
000 implants. Mais cela représente tout de même «une hausse continue depuis
quatre ans, de l'ordre de 10 à 20% par an», remarque le Dr Philippe Khayat,
chirurgien-dentiste et responsable du groupe de travail sur ces questions au
sein de l'Association dentaire française, qui organise, cette semaine, son
congrès annuel à Paris.


Concrètement, la technique consiste à visser dans un os de la mâchoire, sous
anesthésie locale, une racine artificielle, l'implant. Puis, quelques mois
plus tard, une dent artificielle est fixée sur ce pivot. Avantages de ce
procédé: il est efficace, même si la racine d'origine a disparu, et sa durée
de vie est longue, du fait de l'utilisation de titane ou d'alliages de
titane. Enfin, même si «les échecs ont été relativement nombreux durant les
années 1960», comme le reconnaît le Dr Khayat, le savoir-faire des dentistes
s'est considérablement amélioré au fil du temps. Désormais, passé le cap des
trois premiers mois, le taux de succès frôle les 90%.


Il existe toutefois des contre-indications absolues à la pose d'implants: un
patient immunodéprimé, par exemple, ou porteur d'une prothèse valvulaire
cardiaque, en raison des risques d'infection microbienne. Quant aux échecs,
ils sont, pour l'essentiel, dus à des facteurs bien identifiés (maladie
parodontale préexistante, densité de l'os insuffisante, consommation de
tabac supérieure à 10 cigarettes par jour). Reste un frein important à cette
technique: son prix. Il faut en effet compter environ 1 000 euros par
implant, à quoi on ajoutera au moins 700 euros pour une fausse dent. Or,
même dans les cas les plus extrêmes, comme un cancer mutilant de la face ou
un accident grave de la circulation, le remboursement ne dépasse pas
quelques dizaines d'euros.

retour
section
médicale